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La nouvelle BD française

Loin d’être une rupture ou une révolution, la “nouvelle bande dessinée française” renoue le lien avec une tradition graphique qui était un peu passée dans les coulisses (même si en grattant, on peut trouver des dessinateurs qui ont maintenu le fil): celle de Gus Bofa, de l’Assiette au Beurre, de Simplicissimus. Beaucoup en ont déjà fait la remarque, allant à l’encontre de la rhétorique d’avant-garde de certains commentateurs (voire de certains auteurs) et le lien est d’ailleurs parfois explicitement exposé (par Blutch dans sa série Blotch, ou par Sfar lorsqu’il prend comme personnage Jules Pascin, qui desinait dans Simplicissimus). Certaines parentés sont évidentes, celle de Sfar avec Pascin, justement, ou encore celle de Chistophe Blain avec Gus Bofa (un internaute en venait à se demander si le fait qu’un de ses personnages s’appelle Gus était un hommage) (on pourrait élargir cette parenté Gus Bofa au formidable Ferri); d’autres mériteraient d’être creusées.

tout Simplicissimus en pdf ( y compris les publicités d’époque, et il y en a beaucoup!)

L’assiette au beurre

Gus Bofa

Loleck, sur du9.org, à propos du Gus de Blain: “Cette fraîcheur vient aussi du trait : gras et naïf, coulant et limpide, jamais imprécis, il campe des personnages souples et nerveux, tout en masses et en tiges ; des personnages à la Caran d’Ache, ou à la Gus Bofa, qui évoquent aussi certains des premiers Disney avec leurs membres en caoutchouc infiniment déformables, leurs traits surexpressifs (forme et taille des yeux, du nez, de la bouche varient d’un dessin à l’autre pour renforcer les sentiments et les émotions transcrites par le dessin).”

Vermot-Desroches sur pastis.org: “Il y a quelques années j’ai commencé à dessiner Les chevaliers maigres à la plume lorsque j’étais étudiant pour échapper un peu à une influence Blutchienne qui me semblait trop importante lorsque j’utilisais le pinceau. Et j’ai découvert à la même époque un tas de dessinateurs qui m’ont passionné : Edward Gorey, Chas Adams, Gus Bofa, Elsie Segar. Voici une ascendance qui ne pouvait pas me situer trop loin de Christophe Blain et de cette nouvelle famille de dessin dont Blutch et Joann sont aussi deux figures importantes.”

Stanislas notait par ailleurs (sur le forum de bdparadisio) les liens entre le dessin de Blutch et le style de Willette ou de Jouve (Assiette au Beurre)

Jouve

dessin de Jouve, sur le site Graphic Witness

2 Responses to “La nouvelle BD française”

  1. Li-An Says:

    Bon, on ne peut pas dire que c’est une révélation fracassante en ce qui me concerne. C’est d’ailleurs pour cela que je m’intéresse au travail de Blutch ou Blain alors que je viens d’une tradition franco belge. Ça prouve juste que la plupart des commentateurs BD ont une culture graphique très légère (voire incertaine pour certains).
    Quoiqu’il en soit, c’est bien de le souligner.

  2. pierre_d Says:

    Oui, ça n’avait pas la prétention d’être une révélation, même si ce l’est peut-être pour ceux qui croient au mythe de la “tabula rasa” et de la rupture esthétique permanente. En BD (et ailleurs aussi), la table est pleine, et ce qui se transmet est souvent aussi intéressant que ce qui est ou semble neuf.