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généalogies

Jaime Hernandez

On parle souvent de l’influence de gens comme Kirby et Ditko sur les frères Hernandez (qui sont de fins connaisseurs).  Il y en a d’autres. Jaime Hernandez dans une interview récente :

Yeah sure, Dan DeCarlo. There are other artists who did Archie as well. My favorite being Harry Lucey—he did the actual Archie title, while DeCarlo did Betty & Veronica. I like them both, but Lucey just happens to be a personal favorite, because I think he was better at drawing natural characters—just their expressions taught me a lot about how I do my comics.

source : http://www.omnivoracious.com

Paul Pope

De belles choses sur le flickr de Paul Pope, où l’on apprend un peu par la bande que Dargaud devrait publier un numéro de Pilote en juin 2009 (via ceci) et où l’on peutvoir une très belle page d’Adam Strange pour le projet Wednesday Comics de DC (tentative de refaire de la bd format broadsheet). (à noter dans les commentaires, Pope revendiquant l’influence majeure de Mezières (“Valerian is the bomb“))

Max et la ligne claire

Sur Klare Lijn International, une très belle interview du dessinateur espagnol Max, dont trop peu de livres sont traduits. Il y parle de ses influences (Hergé, Chaland, Swarte, Ever Meulen), de pourquoi/comment il change de style de dessin selon les projets, souvent en allant piocher des éléments chez d’autres.

max

“A ce moment là, j’ai écrit quelque part que le style ligne claire en bande dessinée était lui-même une impasse, un style qui conduit l’artiste à une forme d’obsession de la perfection dans le dessin qui ne peut se résoudre que dans une répétition sans fin d’une même formule. Peut-être que je rendais la ligne claire responsable de ce qui n’était finalement qu’une crise personnelle.”

Milton Caniff, Eddie Campbell

Eddie Campbell a terminé la lecture de la biographie de Milton Caniff:

“And finishing it yesterday morning, in tears inevitably, I had to write off the rest of the day and go and have lunchtime beers with those pals of mine, none of whom have read a single page of the cartoonist I often cite as the single most important influence on my career.
You may say, ‘all right, but we can’t see any of that in your work, Campbell.’ Fair observation.”

Segar, Chester Gould, Hank Ketcham à l’école

SegarSegar (Popeye), Gould (Dick Tracy) et Ketcham (Dennis the menace) étaient tous les trois parmi les élèves d’un légendaire cours de cartooning par correspondance, celui de W.L. Evans. Un dollar par leçon, 20 leçons, ça a pris un an et demi pour Segar (mais ça vallait le coup, non?). Hollywood Animation Archive vient de poster le premier épisode (scans parfaits), les autres devraient suivre. Moins cher qu’en 1913 (gratuit en fait).

Conrad, Franquin, Jijé, Caniff

Conrad, dans Libé:

“J’ai eu des «maîtres» en bande dessinée, dont je suis très fier. Ils m’ont guidé par leur travail exemplaire, sinon par leur enseignement direct. Je viens de Franquin qui lui-même vient de Jijé, et Jijé vient de Caniff. Will Eisner et Hergé ont aussi contribué à me faire devenir ce que je suis.”

Ailleurs dans la même interview, quelque chose de discutable sur les mangas:

“Les personnages (masculins ou féminins) véhiculent un certain nombre de traits androgynes communs, et une physionomie caucasienne.”

Les codes du mangas utilisent de grands yeux (pour des raisons d’expressivité), ce qui ne veut pas dire “physionomie caucasienne”. Pour les Japonais, ce qui caractérise un européen, c’est qu’il a un grand nez, et non pas que ses yeux ne sont pas bridés. Les occidentaux sont d’ailleurs reconnaissables comme tels lorsqu’ils apparaissent dans les mangas, mais en utilisant une codification et des stéréotypes différents de ceux de la BD franco-belge.

John Romita, Alex Toth, Noel Sickles

Pour faire suite au premier post sur Noel Sickles:

romita“SPURGEON: Were there artists you learned tricks from to help you speed up?

ROMITA: It was even more direct. When I did love stories, I had a lot of Alex Toth love stories around me. When I did adventure stuff, I would have Caniff and Joe Kubert and Carmine Infantino. These were guys I thought were much older than me, and I find out later that they were only a year or two older than me. [laughter] They were so advanced in my mind, I was using them as a model. So yeah, definitely. I would be influenced and assisted by everybody who went before me.

SPURGEON: People sometimes forget how influential Toth was in determining a certain look for comics.

ROMITA: Actually, Toth led an entire new movement. When I got into comics in the late ’40s, and then in the early ’50s I went over to DC to do love stories, Toth had changed the whole approach to DC Comics. Up until then, it was a Dan Barry, polished tight look. Toth sort of loosened everybody up, and got everybody wide awake. They all discovered Scorchy Smith.

SPURGEON: Noel Sickles.

ROMITA: They discovered Sickles because Toth maybe had 300 dailies of Noel Sickles in a stack of Photostats. People were copying from that stack of Photostats, and handing them out to each other. The whole industry was using those Alex Toth Scorchy Smith dailies from Noel Sickles. And that’s when I found out that Caniff and Sickles had developed that style together. And we all sprang from that. I think it lit a fire under the whole industry.”

extrait d’un entretien long et merveilleusement documenté (comme plus grand monde n’en fait par ici malheureusement)

(l’illustration vient de la Grand Comic Book Database)

(absolument rien à voir: demain, départ en vacances, on va là)

La nouvelle BD française

Loin d’être une rupture ou une révolution, la “nouvelle bande dessinée française” renoue le lien avec une tradition graphique qui était un peu passée dans les coulisses (même si en grattant, on peut trouver des dessinateurs qui ont maintenu le fil): celle de Gus Bofa, de l’Assiette au Beurre, de Simplicissimus. Beaucoup en ont déjà fait la remarque, allant à l’encontre de la rhétorique d’avant-garde de certains commentateurs (voire de certains auteurs) et le lien est d’ailleurs parfois explicitement exposé (par Blutch dans sa série Blotch, ou par Sfar lorsqu’il prend comme personnage Jules Pascin, qui desinait dans Simplicissimus). Certaines parentés sont évidentes, celle de Sfar avec Pascin, justement, ou encore celle de Chistophe Blain avec Gus Bofa (un internaute en venait à se demander si le fait qu’un de ses personnages s’appelle Gus était un hommage) (on pourrait élargir cette parenté Gus Bofa au formidable Ferri); d’autres mériteraient d’être creusées.

tout Simplicissimus en pdf ( y compris les publicités d’époque, et il y en a beaucoup!)

L’assiette au beurre

Gus Bofa

Loleck, sur du9.org, à propos du Gus de Blain: “Cette fraîcheur vient aussi du trait : gras et naïf, coulant et limpide, jamais imprécis, il campe des personnages souples et nerveux, tout en masses et en tiges ; des personnages à la Caran d’Ache, ou à la Gus Bofa, qui évoquent aussi certains des premiers Disney avec leurs membres en caoutchouc infiniment déformables, leurs traits surexpressifs (forme et taille des yeux, du nez, de la bouche varient d’un dessin à l’autre pour renforcer les sentiments et les émotions transcrites par le dessin).”

Vermot-Desroches sur pastis.org: “Il y a quelques années j’ai commencé à dessiner Les chevaliers maigres à la plume lorsque j’étais étudiant pour échapper un peu à une influence Blutchienne qui me semblait trop importante lorsque j’utilisais le pinceau. Et j’ai découvert à la même époque un tas de dessinateurs qui m’ont passionné : Edward Gorey, Chas Adams, Gus Bofa, Elsie Segar. Voici une ascendance qui ne pouvait pas me situer trop loin de Christophe Blain et de cette nouvelle famille de dessin dont Blutch et Joann sont aussi deux figures importantes.”

Stanislas notait par ailleurs (sur le forum de bdparadisio) les liens entre le dessin de Blutch et le style de Willette ou de Jouve (Assiette au Beurre)

Jouve

dessin de Jouve, sur le site Graphic Witness

Noel Sickles

Milton Caniff a souvent reconnu l’influence de Noel Sickles sur son travail (Caniff avait 18 ans et Sickles 16 quand ils se sont rencontrés). Dans cet extrait d’interview (Comics Journal 242), Sickles parle de ses propres influences. Il cite comme exemples les revues Simplicissimus et Jugend. Il parle aussi de la position relative des mains et du visage chez Gibson (proximité des mains par rapport au visage, attirant l’attention et créant de l’emphase sans gesticulation dramatique).

On peut aussi mettre Franck Robbins, Alex Toth et Hugo Pratt parmi les disciples de Sickles (cette page ajoute David B, ce qui est plus discutable, il faudrait lui poser la question)

Clare Briggs

“For me, Briggs should be remembered as the founder (along with John T. McCutcheon) of the “Chicago school of cartooning” or perhaps “the mid-western school of cartooning.” With his low-key humor, his fidelity to ordinary life, his feel for quiet moments, Briggs created a style of cartooning that was very different from the hurly-burly vaudeville vulgarity of the New York school (Dirks, Outcault, Opper). Briggs’s approach influenced not only panel cartoonists like J.R. Williams but also the whole Chicago Tribune stable of newspaper strips: Sidney Smith, Frank King, Harold Gray, and even Chester Gould. They all owed a debt to Briggs. Thanks to Briggs, mid-century newspaper cartooning became a reflection of middle America.”

Jeet Heer, interviewé par Tom Spurgeon