Nouvelle période dorée pour les rééditions de comics strips classiques aux Etats Unis (Popeye, Krazy Kat, Dick Tracy, Peanuts, Gasoline Alley, et bientôt Terry and the Pirates, Little Orphan Annie et Pogo).
En lisant les préfaces des Krazy Kat et du premier Popeye, je suis frappé par la tendance marquée à citer de grands artistes et écrivains autant qu’on peut, dès qu’une occasion se présente (de mémoire: Gertrude Stein, Picasso, Samuel Beckett, Dorothy Parker, Ionesco,…). Comparativement, on y parle fort peu d’autres dessinateurs de bande dessinée travaillant à la même époque aux côtés de Segar et Herriman. On lit ça comme des plaidoyers un peu naïfs pour faire d’eux de “grands artistes du XXe siècle” (pourtant, les gens qui ont acheté ces beaux livres n’ont pas besoin d’être convaincus): tout se passe comme s’il fallait encore les placer parmi les artistes reconnus par le monde de l’art (ou de la littérature) et aussi, conformément au schéma esthétique dominant, les présenter comme des génies venus de nulle part, surgissant soudain au milieu de rien, armés de leur divine inspiration.
(malgré ce léger reproche, les livres sont fantastiques. Et, pour être juste, certains textes tombent un peu moins dans ce travers: ils sont souvent signés Bill Blackbeard.)